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Past Lives », un premier long métrage touchant en compétition à la Berlinale.

Parmi les favoris pour remporter l’Ours d’or pourrait figurer le premier film de Céline Song, produit par A24.

Il était parmi les plus attendus de la compétition de la Berlinale et n’a pas déçu les attentes : nous parlons de « Past Lives », un film qui a été présenté en première mondiale au Festival du film de Sundance avant d’entrer dans la compétition pour l’Ours d’or.

Au centre de l’histoire se trouvent Nora et Hae Sung, un homme et une femme unis par un lien qui dure depuis des décennies. Ils se sont séparés très jeunes lorsque la famille de Nora a déménagé de la Corée du Sud au Canada. Aujourd’hui, ils sont enfin prêts à se retrouver : Hae Sung se rend à New York pour quelques jours afin de rendre visite à Nora, qui a entre-temps épousé un Américain.

Il y a beaucoup d’autobiographie dans ce premier film de Céline Song, une réalisatrice sud-coréenne qui a déménagé au Canada avec sa famille à l’âge de 12 ans et qui travaille aujourd’hui aux États-Unis : son histoire rappelle celle de sa protagoniste, qui a vécu toute sa vie des conflits émotionnels particulièrement forts autour de ses déplacements géographiques et autres.

Grâce à ces liens avec son histoire personnelle, Song dresse un portrait crédible et sincère dans de nombreux passages, tout en étant capable de toucher des cordes profondes dans plusieurs séquences.

Une touche délicate
Produit par A24, « Past Lives » est un film qui ne manque pas d’une certaine astuce dans sa mise en scène, mais l’écriture est tellement prenante et forte avec la touche délicate d’un auteur qui, malgré son statut de débutant, parvient déjà à transmettre des sentiments profonds qu’elle masque certaines limites globales.

Ce film part de nombreuses questions – à commencer par celle de savoir à quel point l’amour bouleverse nos vies – mais Céline Song ne veut pas donner de réponses : ce qui l’intéresse, c’est de proposer des réflexions, autour des relations humaines, des sacrifices, mais aussi du temps qui passe, à travers l’histoire de ces deux personnages qui se retrouvent comme des fantômes d’un temps lointain.

L’intrigue de base n’est pas très originale (on peut penser à  » Before Sunrise  » de Linklater, par exemple), mais elle compte peu face à un film passionnant et toujours capable d’enrichir le propos initial par des éclairs d’une remarquable humanité.

Grâce aussi à la performance de l’excellente Greta Lee, c’est un film qui pourrait trouver une place dans le palmarès.

Le destin fou
Les amateurs de cinéma d’Extrême-Orient n’auront pas manqué la présence dans le programme de la Berlinale de Soi Cheang, le réalisateur hongkongais qui a signé au fil des ans des films cultes comme « Love Battlefield » ou le plus récent « Limbo ». Dans la section spéciale de la Berlinale, Cheang a présenté sa dernière œuvre, « Mad Fate », qui ne laissera pas indifférents ses nombreux fans.

Au milieu d’un récit plein de rebondissements, il est question de rituels et d’inéluctabilité du destin, tandis qu’apparaissent à l’écran un certain nombre de personnages très curieux, d’un protagoniste qui est une sorte de mystérieux expert en arts occultes à un tueur en série de jeunes prostituées.

Le film mélange constamment les genres – passant du thriller à la comédie – mais Mad Fate est avant tout une sorte de (néo)noir aux traits surréalistes et ésotériques, capable de créer un divertissement remarquable décidément hors des schémas auxquels nous sommes habitués. Les exagérations beaucoup trop marquées ne manquent pas et le rythme présente des passages fluctuants, mais dans l’ensemble, c’est un film très original, totalement libre et sans règles : à prendre ou à laisser.